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PLUS DE SÉCURITÉ POUR LES CYCLISTES SUR NOS ROUTES.

Les autorités belges s’étaient fixé comme objectif de réduire à 420 le nombre de tués sur nos routes en une année. Il semblerait malheureusement que cet objectif ne soit pas vraiment en bonne voie d’être atteint. En effet, selon les chiffres de l’institut Vias, au cours seulement des six premiers mois de l’année 2019, il y a eu 306 tués sur les routes belges, soit une augmentation de 27 % par rapport à la même période en 2018. On remarque notamment une augmentation d’accidents mortels incluant des cyclistes et des enfants.

L’Agence wallonne pour la sécurité routière annonce les dernières tendances, qui rejoignent celles de Vias : il y a de plus en plus de cyclistes sur nos routes. C’est une bonne nouvelle, mais le nombre d’accidents qui les impliquent est en augmentation également. Être cycliste en Wallonie reste aujourd’hui quelque chose d’assez dangereux. Selon le GRACQ, sur 17 chantiers situés sur une route régionale, seuls 11 ont bénéficié d’une piste cyclable séparée. Les infrastructures routières devraient mieux prendre en compte les différents modes de mobilité. J’ai pu lire dans la presse que le GRACQ avait contacté les autorités wallonnes pour améliorer les aménagements routiers pour les cyclistes. Nous avons voté, à la fin de la législature précédente, le 4 avril pour être très précis, un décret visant à obliger la Région à faire des aménagements cyclables sur ses voiries. Toutefois, cela ne concerne que les travaux n’ayant pas encore débuté au terme d’un délai d’un an à compter du 1er janvier 2020.

  • Y a-t-il des dispositions prévues pour l’aménagement des voiries déjà existantes  ?
  • Des discussions semblent s’être engagées avec le GRACQ, histoire d’assurer l’opérabilité de ce décret, dont nous sommes tous conscients de l’importance.
  • Quel est le résultat de ces concertations ?
  • Y a-t-il des engagements concrets pour améliorer la sécurité des cyclistes ?
  • Quelles sont les recettes pour faire en sorte que le décret porte rapidement ses fruits ?

J’ai donc interpellé le Ministre Henry en commission sur le sujet et voici sa réponse :

Cette problématique me tient particulièrement à cœur. Le GRACQ vient effectivement de publier son Observatoire des routes régionales wallonnes pour l’année 2019, qui porte notamment sur la dangerosité des chantiers pour les cyclistes, pour lequel il faut émettre deux remarques. Il ne s’agit pas d’un recensement exhaustif des chantiers, car il est réalisé par les membres bénévoles du GRACQ, même s’ils s’appuient sur les informations qui leur sont communiquées par le SPW. Par ailleurs, deux chantiers de l’agglomération liégeoise considérés comme mauvais étaient en réalité terminés depuis longtemps. Le taux de prise en compte des cyclistes était donc plus important qu’annoncé dans le rapport du GRACQ.

Depuis 2012, date d’entrée en vigueur du décret de 2010, et l’obligation de réaliser des audits de sécurité pour certains projets issus de la directive européenne 2008/96, des évaluations des incidents doivent être réalisées dès le début du projet afin de tenir compte des différents enjeux et usagers. Ensuite, lors de chaque phase du projet et du chantier, l’esquisse, l’avant-projet, la réalisation et la fin de chantier, un audit de sécurité doit être réalisé afin de s’assurer que la sécurité routière est bien prise en compte pour l’ensemble des usagers.

Depuis le décret du 4 avril 2019 et, pour partie, la circulaire qui l’a anticipé, la prise en compte des modes actifs, qui va au-delà des seuls cyclistes, lors de tout projet d’aménagement de l’espace public et de réfection de voirie, s’est encore renforcée en se basant sur les différentes procédures existantes au sein de l’administration. Concrètement, il y a une plus grande attention au mode actif dans la réalisation d’évaluation des incidences sur la sécurité routière et la réalisation d’audits de sécurité routière en lien avec le décret Sécurité routière.

Les lignes directrices pour la mise en œuvre du décret Sécurité routière définissent clairement que les différents documents produits lors de l’étude l’évaluation des incidences sur la sécurité et les audits de sécurité – doivent être annexés à la demande de permis d’urbanisme. Ainsi, le fonctionnaire délégué est assuré que le projet a bien suivi toutes les étapes et que l’on a analysé l’opportunité de tenir compte des différents enjeux et usagers, dont bien sûr les cyclistes.

Il faut maintenant savoir, que fin 2019, le Parlement européen a modifié la directive européenne 2008/96 et qu’une des modifications concerne la prise en compte des usagers vulnérables, en ce compris les cyclistes. Aujourd’hui, l’administration travaille à l’élaboration d’un nouveau décret qui permettra de simplifier et clarifier les procédures, d’y intégrer les éléments de mobilité et d’être plus ambitieux encore quant à la prise en compte même des modes actifs, comme annoncé par les ambitions du Gouvernement. Dans l’attente de la modification du décret et de sa mise en œuvre, les actions suivantes sont prises :

  • L’élaboration d’un document de référence appelé « lignes directrices » pour la prise en compte de la mobilité, la sécurité routière et les modes actifs lors de l’élaboration des projets routiers ;
  • La mise à disposition sur le site web du RAVeL de fiches sur les aménagements cyclables de qualité. L’administration revoit actuellement ces fiches afin de les intégrer dans la Sécurotec, un site web dans lequel on trouve différentes fiches pratiques sur le dimensionnement et la qualité des aménagements de voirie à destination des gestionnaires de voirie et des bureaux d’études. Ce travail sera réalisé en concertation avec le GRACQ ;
  • La révision du schéma directeur cyclable. Une partie importante de ce travail a déjà été réalisée par l’administration en 2019 et doit encore être concertée avec les associations d’usagers et les communes concernées dans le courant de l’année 2020 ;
  • Sous mon impulsion, l’organisation de réunion dans les directions territoriales des routes du SPW Mobilité-Infrastructures, en présence de représentants du GRACQ, qui ont déjà été organisées pour Liège et prévues à Namur dans le courant du mois de mars, et encore à programmer pour les autres directions territoriales ;
  • L’organisation de réunions spécifiques dédiées au marquage et à l’entretien des aménagements cyclables dans chaque direction territoriale.

Comme vous l’avez compris, je ne compte pas attendre la modification du décret et son application pour améliorer la situation en faveur des cyclistes. C’est une problématique à laquelle je suis particulièrement attentif. Nous devons poursuivre cette meilleure intégration qui va de pair avec l’ambition que nous avons du transfert modal tel que nous le connaissons dans la Déclaration de politique régionale.

Je remercie M. le Ministre pour ses réponses. Mon sentiment est un peu mitigé : je ne sais pas si je dois me réjouir ou, au contraire, m’inquiéter ; me réjouir parce qu’un nouveau décret est en préparation. On a donc plus d’ambition et c’est bien, mais il ne faudrait pas que cela retarde le processus. Ce n’est clairement pas l’intention du Ministre Philippe Henry, qui a fait la liste des mesures qu’il a prises et qu’il compte prendre dans un avenir très proche pour qu’il n’y ait pas une espèce de vacance.

Sur le terrain, et l’on peut s’en réjouir, on voit de plus en plus de concitoyens – pas qu’à Bruxelles, pas que dans les grandes villes, mais aussi en milieu rural – qui utilisent les modes doux de mobilité. C’est notamment dû au fait que le vélo électrique ouvre un nouveau champ des possibles, et c’est tant mieux. Je me réjouis en particulier du fait que des réunions concrètes, direction régionale par direction régionale et avec le GRACQ, soient organisées de manière à pouvoir continuer à faire avancer les choses. Surtout, ne nous endormons pas en attendant le prochain décret. Il en va de la sécurité de tous.

Voici le lien vers la vidéo complète de mon intervention.

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