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Plastique recyclé VS plastique neuf. UN COMBAT À NE PAS PERDRE !

La pandémie de covid-19 qui sévit depuis quelques mois a provoqué la chute des prix des produits pétroliers. Grâce à ce pétrole peu cher, le plastique neuf est quasiment au même prix, voire moins cher que le plastique recyclé. Cette situation est inquiétante pour la filière du recyclage. Le plastique recyclé est devenu moins attractif et, du coup, il peine à trouver des débouchés. Et pourtant, et c’est là un fameux paradoxe, le plastique effectue en ce moment un véritable retour en force. Covid oblige, la tendance est à tout protéger, tout emballer. Un petit tour au supermarché suffit pour s’en rendre compte : du plastique partout, autour de tout, même du bio.

Les consommateurs ont besoin d’être rassurés, c’est ce qu’expliquent en tout cas les distributeurs. Les fabricants de plastique n’allaient pas laisser passer une telle occasion de tenter de redorer leur blason. Ils vantent les qualités hygiéniques du plastique et n’hésitent pas à le présenter comme un partenaire essentiel dans la lutte contre la propagation du virus. Le plastique, c’est chic. Le lobby du plastique bat son plein. Aux États-Unis, par exemple, il est parvenu à convaincre certains États à autoriser à nouveau les sacs en plastique à usage unique pour essayer de combattre le covid.

En Europe, on le sait, toute une série d’objets en plastique à usage unique seront bannis à partir de l’an prochain sur base d’une directive européenne. Il se dit que, en coulisses, les lobbyistes militent pour le report de l’entrée en vigueur de cette directive, ce que nous ne souhaitons évidemment pas. Tout cela est très interpellant. Comment réagir face à ces lobbys qui tentent de réimposer le plastique ? Comment œuvrer face à cette concurrence du plastique vierge par rapport au plastique recyclé ?

La Wallonie a pour ambition de créer les conditions propices à l’émergence de nouvelles filières de recyclage. La mise en place d’une filière de recyclage du plastique est sur les rails. La Ministre Céline Tellier a récemment fait le point sur l’état d’avancement de ce dossier : quatre projets sont en bonne voie et une task force accompagne leur développement. On parle de 115 millions d’euros d’investissement, dont 47 millions d’euros venant du public, et d’un potentiel de traitement de 115 000 tonnes par an. Cela avance, et je m’en réjouis. Ma question sera la suivante. Comment s’assurer que ce plastique recyclé trouve des débouchés ? Parce que c’est très bien de recycler, il faut encore que ça serve à quelque chose si l’on veut que la filière soit pérenne et efficiente. Quelles mesures pourraient être prises à l’échelle de notre Région pour booster l’utilisation du plastique recyclé ? Quelles sont les pistes de réflexion et de solution sachant que c’est le niveau fédéral qui est compétent pour imposer un taux de matière recyclé dans les produits mis sur le marché ?

Je suis intervenu en commission environnement sur le sujet auprès de la Ministre Céline Tellier. Voici sa réponse :

À la faveur de la crise sanitaire, les transformateurs de plastique européens ont effectué un lobbying important. Ils ont adressé un courrier à la Commission européenne, mettant en avant le caractère prétendument hygiénique et protecteur du plastique. Ils demandaient également le report d’un an de la directive 2019/9004 Plastique à usage unique, ainsi que l’annulation de certaines interdictions de produits plastique. La Commission a très justement répondu que l’épidémie ne devait pas servir de prétexte à un retour en arrière dans la lutte contre les produits en plastique à usage unique. Je partage cette position très ferme de la Commission européenne.

Ces prochaines années, la part du plastique recyclé va monter en puissance grâce à la mise en œuvre de la directive 2019/904, qui impose une incorporation minimale de 25 % de plastique recyclé d’ici 2025 et de 30 % d’ici 2030 dans les bouteilles pour boissons, fabriquées majoritairement en PET. Il est très probable que ce type d’obligation sera étendu à d’autres emballages en plastique dans un proche avenir. De plus, la recherche avance de plus en plus vite, en Wallonie aussi grâce par exemple à la plateforme PEPIT, pour Polymers Ecocircularity Platform for an lndustrial Transition, mise en place sous l’égide des pôles de compétitivité GreenWin et MecaTech, ainsi que du cluster Plastiwin avec le soutien des divers centres de recherche.

La Wallonie soutient également le développement de nouvelles filières de recyclage, afin d’augmenter la productivité du plastique recyclé et d’en diminuer le coût. Enfin, l’écoconception des emballages et la suppression des contenants en plastique trop complexes pour être recyclés, tels que les multicouches composés de différentes résines, va dans le même sens. Ces options seront fortement renforcées à travers l’introduction du principe de l’écomodulation des tarifs du Point vert, dont les critères sont en cours de définition au sein de la Commission interrégionale de l’emballage, le but de cette écomodulation étant de dissuader la mise sur le marché des types d’emballages les moins recyclables et/ou les moins recyclés au profit de ceux qui le sont davantage.

Je remercie Madame la Ministre et me réjouis sincèrement de la position très ferme qu’adopte la Commission européenne. Pas question, effectivement, de reporter ces directives. Une chance que le secteur a eu l’occasion de s’y préparer. Cela a été un combat de très longue haleine, mené notamment par ma collègue Frédérique Ries au Parlement européen. La pièce manquante dans le puzzle jusqu’à présent, c’est de créer des débouchés pour le plastique recyclé. Je pense que la Belgique, puisqu’il s’agit d’une compétence fédérale, serait bien inspirée d’obliger qu’il y ait dans les objets en plastique une proportion non négligeable de plastique recyclé. Il y a là encore du travail à accomplir.


📽 Voici le lien vers la vidéo complète.

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