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L’éducation des jeunes aux médias est une nécessité.

Récemment, le Forum des jeunes a mené une enquête auprès des 16-30 ans de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Les résultats, à la fois, interpellent et réjouissent. Ils réjouissent parce que la génération Z montre clairement qu’elle veut comprendre le monde dans lequel elle vit. Ils sont nés avec un smartphone à la main ou presque, ils ont été biberonnés au numérique et nourris d’informations sur une multitude de supports. Toutefois, dans le même temps, ils refusent de gober n’importe quoi et veulent être acteurs de leur vie. Ils sont demandeurs d’une véritable éducation aux médias. Ils sont 95 % à penser qu’elle devrait être intégrée durant leur parcours scolaire.

Que veulent-ils, ces jeunes, plus précisément ? L’enquête a cherché à le déterminer. Les principales thématiques qui ressortent le plus souvent sont le rôle et l’impact des influenceurs sur les réseaux sociaux, la manière de gérer son identité numérique, les enjeux économiques des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) et leur modèle économique, le décryptage des rouages de l’information et de la désinformation, la réglementation des droits dans les médias, les idéologies, la publicité, le cyberharcèlement, la sécurité sur internet et les dérives des réseaux sociaux.

Au sein de cette commission de la Culture et en dehors, je ne rappellerai jamais assez à quel point il est primordial que les jeunes soient outillés face à l’univers numérique et médiatique dans lequel ils sont plongés depuis leur naissance. Aiguiser leur esprit critique est une des clés importantes, même si ce n’est pas la seule, pour former de futurs citoyens acteurs de la société. Les jeunes sont demandeurs ; notre chance est par conséquent inouïe. Notre Fédération élabore déjà certaines initiatives, en particulier par le biais du Conseil supérieur de l’éducation aux médias (CSEM). Toutefois, on doit faire mieux, on doit faire plus.

À cet égard, on ne peut que regretter que le Pacte pour un enseignement d’excellence visant à réformer l’enseignement obligatoire n’envisage cette thématique que de façon fragmentée et diluée. Quand 95 % des jeunes réclament cette éducation aux médias, il faut vraiment s’interroger sur l’absence flagrante de cette thématique dans les écoles. Comment œuvrer afin d’améliorer l’éducation des jeunes aux médias ? Le gouvernement entend redynamiser le CSEM et ses actions. À cet égard, quelles sont les pistes et réflexions de celui-ci ? Notre Fédération soutient déjà quelques initiatives très précieuses, mais qui sont encore loin de toucher tous les élèves. Quels sont les objectifs à ce niveau ? Où en est la collaboration entre la Ministre Linard, Caroline Désir et Valérie Glatigny ? À la suite de l’appel lancé par le Forum des jeunes, des initiatives sont-elles prévues dans les prochains mois ou les prochaines semaines ? L’éducation aux médias mériterait-elle pas un cours à part entière au sein des écoles ?

J’ai donc interpellé la Ministre Bénédicte Linard sur cette problématique, voici sa réponse:

L’éducation aux médias est une matière spécifique, mais surtout éminemment transversale. Elle concerne l’éducation permanente et l’enseignement, obligatoire et supérieur, mais aussi la jeunesse, l’aide sociale et beaucoup d’autres institutions et opérateurs, pour la plupart représentés au CSEM. Nous travaillons déjà en concertation avec eux et un des grands enjeux de cette législature est de revoir le décret du 5 juin 2008 portant création du Conseil supérieur de l’éducation aux médias et au renouvellement des opérateurs. L’objectif est de l’actualiser et d’y inclure les acteurs aujourd’hui manquants, en particulier ceux qui touchent le numérique et les réseaux sociaux. Je rejoins l’avis officiel du CSEM et la demande du Forum des jeunes quant au fait qu’il est essentiel de renforcer de manière structurée la place de l’éducation aux médias dans les programmes scolaires, à la fois dans une perspective transversale et en créant un ancrage disciplinaire spécifique.

Nous avons planifié des discussions intercabinets à ce sujet. L’avis du Forum des jeunes a bien entendu été analysé par mon expert en éducation aux médias ; il constituera un apport intéressant pour notre travail. Notons que plusieurs questions évoquées par les jeunes ont déjà fait l’objet d’une réponse précise dans la publication d’un numéro spécifique de «Repères», la collection du CSEM. Je pense notamment à la question «comment gérer son identité numérique?», qui est évoquée par 70 % des jeunes. Le CSEM et sa nouvelle cellule d’appui ont pour objectif de faire connaître et de rendre disponibles ces travaux aux membres du corps enseignant et, plus largement, à la société civile. Nous travaillons donc déjà dans cette voie et nous nous réjouissons que cet avis du Forum des jeunes renforce le travail existant et les initiatives en cours.

Je remercie Madame la Ministre pour sa réponse.

Le signal qu’envoient les jeunes à travers cette enquête est une chance inouïe. Allons-y! En 2024, lors du prochain scrutin, nous ne pourrons pas nous lamenter en disant que nous avons connu un dimanche noir. Nous sentons bien que les populismes prennent de l’ampleur chez nous, comme partout en Europe. Une des clés est donc d’agir dans les écoles. Je suis ébahi de voir, sur les réseaux sociaux, à quel point certains gobent tout ce qu’ils voient, partagent n’importe quoi, parfois même des articles qui ont plus de dix ans. S’il y a bien une chose dont vous pouvez être fière, Madame la Ministre, c’est d’encourager l’éducation aux médias. Je me réjouis de ce que le décret de 2008 organisant le CSEM soit bientôt revu afin d’être plus efficace et d’intégrer les acteurs manquants que sont les acteurs du numérique. Nous vous soutenons entièrement.

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